Classes et méthodes d’essai des coffres-forts résistants à l’effraction

Lors d’un test, un coffre-fort ou une armoire est soumis à une attaque par des testeurs expérimentés disposant d’outils d’effraction spécialisés. Des facteurs tels que les outils utilisés, le temps nécessaire et le niveau de compétence requis pour forcer une ouverture déterminent la classe de résistance attribuée. Pour les coffres-forts ces classes vont du Grade 0 au Grade VI, tandis que pour les chambres fortes et portes fortes, les classifications s’étendent jusqu’au Grade XIII.

La certification est directement liée aux conseils d’assurance. Les assureurs associent une valeur indicative au grade obtenu : plus la classe de résistance est élevée, plus la valeur pouvant être stockée en toute sécurité est importante. Cette indication est basée sur des conditions standard, comme le stockage dans un bâtiment non surveillé et non sécurisé. En présence de mesures de sécurité supplémentaires, la couverture d’assurance peut être augmentée.

La norme EN 14450 s’applique principalement aux armoires de sécurité destinées à des risques plus limités, tandis que la norme EN 1143-1 concerne les coffres-forts, les chambres fortes et les portes fortes, conçus pour protéger des valeurs plus élevées. Ces deux normes sont reconnues au niveau international et fournissent une indication réaliste du niveau de sécurité.

Choisir un coffre-fort ou une armoire de sécurité certifié(e) selon EN 14450 ou EN 1143-1, c’est opter pour un produit testé en matière de qualité et de résistance à l’effraction, répondant aux exigences des utilisateurs comme des assureurs.

La couverture d’assurance effective peut varier en fonction de la localisation du bâtiment, de la nature des biens et de la présence de mesures de sécurité complémentaires. Pour une détermination définitive, il convient de toujours consulter l’assureur, qui peut augmenter la couverture en cas de protection supplémentaire. Il est important de noter que les montants pour espèces et pour objets de valeur ne peuvent pas être additionnés : un coffre-fort de classe 3 est par exemple prévu pour un maximum de 45.000 € en espèces ou 90.000 € en objets de valeur.

La sécurité d’un coffre-fort ne dépend pas seulement de sa construction et de sa classe de résistance (EN 1143-1 ou EN 14550), mais également de la qualité de la serrure de haute sécurité. La norme européenne EN 1300 évalue la résistance des serrures de haute sécurité et les classe en quatre catégories (A, B, C et D) selon leur résistance à la manipulation et aux attaques destructives. Les serrures à clé, serrures à combinaison mécanique et serrures électroniques peuvent toutes être certifiées selon EN 1300.

Chaque classe de coffre exige une catégorie minimale de serrure :

• EN 14550 (S1–S2) et EN 1143-1 Grade 0–2 : au moins 1× classe A
• EN 1143-1 Grade 3 : au moins 1× classe B
• EN 1143-1 Grade 4–5 : au moins 2× classe B
• EN 1143-1 Grade 6–10 : au moins 2× classe C
• EN 1143-1 Grade 11–12 : 3× classe C ou 2× classe D
• EN 1143-1 Grade 13 : au moins 2× classe D

Le choix d’une serrure de haute sécurité dépend donc non seulement de l’ergonomie et des fonctionnalités souhaitées (par exemple commande électronique, codes multiples ou intégration dans un système d’alarme), mais également de la classe de serrure requise en fonction du grade du coffre.

En plus de la résistance standard à l’effraction, certains coffres-forts sont équipés de protections supplémentaires. Celles-ci offrent une résistance accrue contre des méthodes d’attaque spécifiques et sont indiquées sur la certification :

• Protection contre l’explosion (EX) : l’essai consiste à déclencher une charge explosive à l’intérieur du coffre. Après l’explosion, celui-ci doit conserver un certain niveau de résistance à l’effraction. Les coffres-forts qui réussissent cet essai reçoivent l’indication EX ajoutée à leur classe.
• Protection contre le perçage au diamant (CD) : un blindage supplémentaire destiné à résister aux outils de perçage et de fraisage munis de têtes diamantées. Les coffres-forts équipés de cette protection portent l’indication CD dans leur classification.
• Planar Protection : un réseau intégré de fils d’alarme placé dans les parois du coffre-fort, permettant une connexion directe à un système d’alarme.

Ces protections supplémentaires sont destinées à accroître la sécurité, en particulier dans des environnements à haut risque ou exposés à des techniques d’attaque spécialisées.

La norme européenne EN 1143-2 a été spécialement développée pour les coffres-forts à dépôt et les coffres de nuit. Elle définit les exigences, la classification et les méthodes d’essai relatives à la résistance à l’effraction, mais teste également le système de dépôt lui-même. Un aspect essentiel est que les biens ou valeurs déposés ne puissent pas être atteints ou récupérés via le système de dépôt ou l’ouverture de dépôt.

Tout comme pour la norme EN 1143-1, les mêmes classes de résistance sont appliquées, avec une valeur assurable indicative correspondante. En pratique, le niveau le plus élevé atteint pour un coffre-fort à dépôt certifié est généralement la classe D IV.

Les coffres-forts résistants à l’effraction sont testés par des laboratoires indépendants et accrédités selon les normes européennes telles que EN 1143-1, EN 1143-2 et EN 14450. Ces laboratoires collaborent étroitement, partagent leur expérience et signalent les nouvelles menaces. Cela permet d’augmenter le niveau de qualité des tests et de mettre rapidement à jour ou compléter les normes. Ainsi, une nouvelle classe a été introduite en peu de temps pour les DAB (distributeurs automatiques de billets), afin de répondre aux nombreuses attaques par explosion au gaz.

Préparation

Avant le test, les plans de fabrication du coffre-fort sont examinés. Les remarques éventuelles sont transmises au fabricant, qui peut adapter son modèle. Après approbation, le fabricant doit fournir deux exemplaires pour l’essai.

Procédure d’essai

Le test consiste à créer deux ouvertures :

• un partial access d’environ 100 x 100 mm,
• un full access, permettant un accès complet.

Chaque classe de résistance correspond à un nombre d’unités de résistance (RU). Par exemple, un coffre de classe 3 doit résister à 80 RU pour partial access et 120 RU pour full access.

Chaque outil dispose d’un coefficient d’outil fixe, utilisé pour calculer la durée effective pendant laquelle il peut être appliqué. Seul le temps de contact effectif compte, et les testeurs sont libres d’utiliser autant d’outils qu’ils jugent nécessaires. L’essai se concentre toujours sur le point le plus faible du coffre-fort et vérifie également la conformité avec les plans de fabrication.

Nouvelle Tool List T2

Les essais utilisent une liste standardisée d’outils d’effraction (Tool List). Une nouvelle version, la Tool List T2, a récemment été introduite. Lorsqu’un coffre-fort est testé selon cette liste plus stricte, cela est indiqué sur la plaque d’identification, par exemple Classe III T2.

Certification et suivi

Si le coffre-fort réussit le test, il peut être certifié par un organisme accrédité, souvent le laboratoire lui-même ou ECB·S. Après la certification, le fabricant est contrôlé plusieurs fois par an, de manière inopinée, et doit en outre se conformer à la norme qualité ISO 9001.

Ce processus garantit qu’un coffre-fort certifié selon EN 1143-1, EN 1143-2 ou EN 14450 répond non seulement aux critères en laboratoire, mais conserve également ce niveau de qualité en production.

Outre les coffres-forts certifiés ECB·S, il existe également des produits munis de certificats délivrés par des organismes non accrédités selon la norme EN 45011 et/ou non reconnus par ECB·S. Parmi ceux-ci figurent des certificats tels que IMP (Pologne), Tresor Test (République tchèque) ou certaines certifications espagnoles. Ces certificats ne sont pas comparables à la norme européenne EN 1143-1 et offrent dans la pratique un niveau de sécurité nettement inférieur.

Il a été démontré à plusieurs reprises que des coffres-forts testés par des laboratoires non qualifiés ou non reconnus ne respectent pas les exigences de la norme EN 1143-1. Un exemple concret : un coffre-fort polonais portant un certificat IMP de classe 5, lorsqu’il a été réévalué par l’organisme suédois SBSC, n’a atteint au maximum qu’une classe 2 – et cela sans étude préalable des plans de fabrication.

L’expérience de terrain confirme ce constat. À Anvers, dans le quartier du diamant, Atelier Boonen a dû ouvrir un coffre espagnol portant une plaque de certification Grade VI. Bien que ce coffre pesait 1.300 kg et possédait des parois épaisses remplies de béton, il a été ouvert en moins de 30 minutes. Les protections contre le perçage faisaient défaut, la relocker a pu être contournée facilement et les serrures installées n’étaient pas conformes aux exigences d’un coffre de classe 6.

Ces exemples montrent qu’un coffre-fort massif en apparence ne garantit pas une résistance réelle à l’effraction. Nous recommandons donc vivement de choisir uniquement des coffres-forts certifiés ECB·S, afin de bénéficier de tests indépendants et conformes aux normes européennes en vigueur.